Le Forum économique mondial a lancé aujourd’hui le Rapport sur la génération numérique de l’ASEAN 2022la sixième édition du rapport depuis 2017. Le rapport de cette année examine les services financiers numériques, les lacunes d’accès et les domaines dans lesquels les entreprises, les gouvernements et les organisations de la société civile doivent améliorer l’inclusion financière.
Le rapport s’appuie sur les conclusions d’une enquête menée auprès de plus de 90 000 personnes interrogées en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines, à Singapour, en Thaïlande et au Viet Nam. Environ 70 % des personnes interrogées étaient âgées de 16 à 35 ans, 52 % étaient des femmes et un tiers (27 000) étaient des micro, petites et moyennes entreprises (MPME).
Produit en collaboration avec Sea Limited, une société mondiale d’Internet grand public fondée à Singapour, le rapport indique que l’utilisation des services financiers numériques augmente dans la région. Les applications de paiement numérique étaient les plus utilisées après les médias sociaux, 84 % des répondants à l’enquête ayant utilisé les paiements numériques. Les répondants ont souligné l’importance d’un meilleur accès aux services financiers pour les besoins personnels et professionnels quotidiens, des flux de trésorerie et de l’épargne à un filet de sécurité pour l’expansion des entreprises.
La numérisation offre la possibilité d’améliorer l’accès au financement, en promouvant l’inclusivité pour les groupes mal desservis tels que les femmes, les habitants des zones rurales et les micro-entrepreneurs. L’accès aux services financiers numériques est devenu une pratique courante pour la majorité des habitants des zones rurales interrogés. Les MPME, en particulier les micro-entreprises, obtiennent davantage de prêts de la fintech, ainsi que des prêts complémentaires des banques. En outre, une femme sur cinq interrogées qui avaient besoin de prêts a emprunté via la fintech et les services en ligne, ce qui en fait une source importante d’emprunt formel.
L’accès au financement reste un problème
L’accès au financement n’est pas uniforme au sein de la génération numérique de l’ANASE. Parmi ceux qui ont demandé un soutien au crédit, près de la moitié n’ont pas pu accéder à des sources formelles de prêt. Quelque 28 % de ceux qui avaient besoin de prêts n’en ont pas obtenu et près d’un cinquième ont dû compter sur leur famille et leurs amis, des coopératives et d’autres prêteurs informels.
Les femmes avaient également moins accès aux services financiers que les hommes. Par exemple, seulement 22 % des femmes qui avaient besoin de prêts ont effectivement obtenu un crédit auprès des banques commerciales, contre 28 % des hommes. Il y avait également moins de femmes (19%) utilisant des produits financiers avancés – à savoir le crédit, l’investissement et l’assurance – par rapport aux hommes (24%). Cependant, l’enquête a indiqué que les femmes adoptaient davantage les applications de finance numérique (65 %) que les hommes (59 %).
Le rapport a révélé que la possession de compétences en gestion financière est corrélée à l’accès aux produits financiers, en particulier les plus avancés tels que l’assurance, les prêts et les investissements.
Obstacles à la génération numérique de l’ASEAN
Le langage financier complexe utilisé dans les contrats de services financiers constitue un sérieux obstacle pour la génération numérique de l’ASEAN. Les répondants ont cité des processus lourds ou des interfaces peu conviviales (en particulier pour les paiements numériques et les services de prêt), la peur des coûts cachés et des conditions contractuelles ambiguës (en particulier pour les services d’épargne/d’investissement et de prêt).
L’enquête a également examiné les préoccupations qui recoupent divers services financiers et a constaté que la sécurité et la fraude étaient des thèmes communs. Cela souligne que la sécurité est une exigence de base pour toute forme de service financier.
Comme l’ASEAN a promu le commerce intra et international de l’ASEAN, le rapport examine la relation entre l’accès aux services financiers et les opportunités commerciales transfrontalières. Les données indiquent qu’il existe un écart dans les paiements transfrontaliers où seulement 33 % des répondants ont utilisé des paiements internationaux. Quelque 42 % des entrepreneurs de MPME ont déclaré que l’incapacité de recevoir et/ou d’envoyer des paiements à l’étranger a entravé leur capacité à acheter ou à vendre des produits depuis et vers l’étranger.
Les obstacles identifiés étaient les mêmes dans les six pays étudiés. À ce titre, des actions conjointes multipartites et régionales sont nécessaires pour renforcer l’inclusion financière numérique dans la région.
« La littératie numérique et la littératie financière sont toutes deux essentielles non seulement pour accroître l’inclusion financière, mais aussi pour permettre à la génération numérique de l’ASEAN de naviguer dans les services financiers en toute sécurité et de manière transparente », a déclaré Santitarn Sathirathai, économiste en chef du groupe chez Sea, une société mondiale d’Internet grand public basée à Singapour. « Nous avons vu dans l’enquête comment la numérisation peut promouvoir une plus grande inclusion dans la finance pour les groupes mal desservis tels que les habitants des zones rurales et les micro-entreprises. L’amélioration de la littératie numérique et financière peut contribuer à accroître encore l’accès aux services financiers. Et nous avons également constaté que différents groupes ont des besoins d’apprentissage différents. Celles-ci appellent des actions multipartites pour concevoir des approches ciblées dans l’éducation à la littératie financière.
« L’avenir de l’économie numérique de l’ASEAN peut être encore plus prometteur avec la collaboration de toutes les parties prenantes concernées pour relever les défis identifiés de manière opportune et coordonnée. Nous espérons sincèrement que les informations révélées dans ce rapport éclaireront les actions percutantes vers un avenir inclusif pour l’économie et la population de l’ASEAN », a ajouté Joo-Ok Lee, responsable de l’agenda régional, Asie-Pacifique, Forum économique mondial.
